aoust 1590.                          27
Le jeudi 9 aoust 1590, ung nommé Le Prestre, mar­chant joalier à Paris, fust pendu par sentence du grand prevost, comme séditieux, c'est-à-dire, pour s'estre trouvé à la journée du pain le jour de devant, et pour avoir blessé un marchand ligueur et des principaux, nommé Le Goix : ce qu'il a maintenu de faux jusques à la fin, et que c'estoit Gompan l'eschevin, qui lui en vouloit, qui estoit cause de sa mort. Gomme la verité est qu'il le haioit fort, mesmes à cause de la religion : dont toutefois Gompan avoit autrefois fait profession, aussi bien que Le Prœbstre, qui y voulust mourir, di­sant que ce qu'il l'avoit abjurée avoit esté par timidité et contre sa conscience : dont il crioit merci à Dieu. Ge que voyant, le peuple commença à tumultuer, et crier selon sa coustume au chien et à V heretique, di­sant que quand il n'eust esté chargé d'autre crime que de cestui , qu'on lui faisoit encores trop de grace de le faire mourir si doucement.
Cependant estant à l'es chel le, il donna une assigna­tion à Gompan pour comparoir bientôt devant le grand juge, et là rendre raison du tort qu'il lui faisoit. La­quelle porta : car au bout du mois justement ledit Gompan mourust, et fust apelé de Dieu pour compa­roir à la susdite assignation.
Le samedi 11 aoust 1690, le clerc de M. Favier, conseiller en la cour, fust pendu à Paris, pour avoir, à la journée du pain, porté deux pistoles bandées et amorcées, et une espée, à la porte du Trésor. Ge qu'il disoit avoir fait par le commandement de son maistre, auquel il ne prist jamais mieux que de s'en aller : car si on l'eust peu attraper, on lui eust fait tenir le haut bout de la potence auprès de son valet.
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